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LA PRESSE, MONTRÉAL SAMEDI 9 AOÛT 1997
page A3
Plage d'Oka: finis les actes indécents
Les nudistes refusent de se rhabiller, la SQ marche sur des oeufs
CHARLES GRANDM0NT
OKA
Grâce aux patrouilles de la Sûreté du Québec, la chasteté est redevenue la règle dans les sous-bois bordant la plage du parc d'Oka, mais les corps nus qui bronzent en toute tranquillité sur le sable continuent de poser un problème qui prend des allures de plus en plus politiques.
« Notre présence a fait en sorte que le problème (des actes indécents) a été réglé car nous n'avons enregistré aucun incident depuis », a indiqué le lieutenant Richard Begin, de l'escouade du crime organisé de la SQ.
« On maintient encore une patrouille active, mais pour le moment, on reste sur la piste cyclable et les sentiers pédestres », a-t-il ajouté.
Même si les actes d'indécence isolés qui avaient enflammé les esprits le mois dernier sont choses du passé, le lieutenant Bégin souligne que le fait d'être nu dans un endroit public constitue toujours un acte illégal. Il semble cependant que la SQ refuse de se mouiller plus avant dans le dossier, préférant que la question soit réglée dans une arène politique.
« Le but de la SQ n'est pas d'arriver là et de faire des arrestations massives, a précisé le lieutenant. On veut trouver une solution à ce problème qui dure depuis 15 ans grâce à une entente entre les intervenants, soit les différents ministères, le gestionnaire du parc, les associations de nudistes et les gouvernements municipaux. »
Les nudistes qui profitent de leur petit coin de plage demeurent sur leurs gardes, la SQ les ayant avisés récemment qu'elle commencerait à patrouiller la plage et à prendre en note le nom des personnes dévêtues. Si ces mêmes personnes se trouvaient de nouveau dénudées lors d'une visite subséquente, elles s'exposeraient alors à des poursuites.
L'avertissement, lancé le 1er août lors d'une rencontre entre les diverses parties impliquées dans le dossier, est demeuré sans suite, mais la menace a porté. La fréquentation de la plage a diminué de moitié, selon les porte-parole du groupe de préservation d'Okapulco, une association formée cet été par les nudistes fréquentant la plage.
« La police est intervenue, elle a nettoyé le bordel autour du petit lac dans le bois, et ça fait bien notre affaire parce que ces gens-là salissaient notre réputation », a déclaré Johan Robitaille, porte-parole de l'association.
Décidés à faire reconnaître officiellement leur droit à la nudité intégrale sur leur bout de plage, les nudistes font circuler actuellement une pétition qui a recueilli jusqu'à présent 400 noms, tant chez les nudistes que chez les « textiles », au dire des porte-parole.
« Nous nous occupons nous-mêmes de l'entretien de la plage, qui est encore plus propre que celle gérée par Serpo (qui gère le parc pour le ministère de l'Environnement et de la faune), il y a des familles qui viennent ici, des personnes âgées et même du monde habillé. On n'est pas une gang de swingers », a plaidé Mme Robitaille, elle-même mère de famille.
Selon le directeur du parc d'Oka, André Lemay, les nudistes risquent toutefois d'attendre longtemps avant de voir une affiche indiquant que le nudisme est autorisé dans cette section du parc. « La présence des nudistes nous attire des problèmes, dit-il, les gens habillés se sentent exclus. On ne veut pas d'une section réservée parce qu'on en viendrait à faire des ghettos dans le parc. »
Ce à quoi Jacques-André Guay, autre porte-parole des nudistes, retorque : « Moi, quand je fais de la raquette, je ne me plains pas parce que je ne peux pas aller sur les pistes de ski de fond... »
Lire en ligne (BanQ) :
http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2184407